La cohabitation façon Auberge espagnole

Aujourd’hui, un Français âgé de 15 à 44 ans sur cinq (20%) a déjà vécu, vit ou souhaite vivre en coloc. Les raisons ? Financières, bien sűr. L’effet Friends et/ou Auberge espagnole, sans doute aussi. Reste que, selon les étudiants rencontrés, le mythe de la coloc à l’internationale, avec ses pérégrinations tragi-comiques immortalisées par le film de Cédric Klapisch, a un peu de plomb dans l’aile. De l’indifférence polie – chacun sa chambre, son emploi du temps, ses amis –à l’entente cordiale,– fiesta, ouverture aux autres cultures, apprentissage des langues, ambiance familiale et belles amitiés à la clé –, les colocs ont vécu une cohabitation sans nuages et en redemandent. A quelques anecdotes près…

Florence : des Italiens… coureurs de jupon !

Anne Sophie, 24 ans, Master, Celsa.
J’ai vécu à Florence, avec trois Italiens et une Brésilienne. Ca ne s’est pas très bien passé. Il était clair que le propriétaire recrutait des nanas qui lui plaisaient !
Au début, c’est vrai que c’était sympa car je n’avais pas bien compris. Nous avions un rapport assez amical, ils m’emmenaient sur leur moto partout… Quand j’ai réalisé, la situation est devenue gênante. Ils se trémoussaient en mini short devant nous dès que l’occasion se présentait, envoyaient des textos sans cesse à l’autre colocataire. Elle était plus jeune et moins sèche, elle ne les a pas envoyé tout de suite sur les roses. Ils ont donc essayé mais ça n’a pas marché non plus.
Du coup, je n’étais quasiment jamais chez moi. Ca a duré six mois. Je suis partie mais pas à cause d’eux. Ce n’était pas dramatique, simplement, il n’y avait pas une bonne ambiance. Je ne l’ai pas trop mal vécu, ça me fait rire : on aurait pu faire un très bon téléfilm porno pour M6 : trois Italiens, une Brésilienne, une Française… Depuis, Anne-Sophie a connu une expérience de coloc très réussie à Londres. Fin septembre, elle cherchait un appartement sur Paris.

Madrid : une Argentine au bord de la crise de nerfs.

Julien et Eglantine, 24 ans, Master 1 d’Anthropologie, Bordeaux II.
Julien : En Espagne, on ne choisit pas ses coloc. C’est le proprio qui vous les impose. Mon pire souvenir ? La crise d’hystérie d’une Argentine qui a failli tout casser dans la cuisine. Elle ne se lavait jamais, ne faisait jamais le ménage. Elle n’était pas très équilibrée et n’arrêtait pas de gueuler sur son copain. Parfois elle craquait complètement. Nous avons eu une grosse dispute et c’est là que nous avons décidé de partir car ce n’était plus vivable.
Eglantine : J’ai assez mal vécu cette cohabitation. Entre filles, il y a autre chose en jeu, une rivalité presque inconsciente… De plus, Argentine, depuis deux-trois ans en Espagne, loin de sa famille, elle était un peu aigrie, n’arrêtait pas de dire : Je viens du tiers-monde. Elle se victimisait énormément par rapport aux Espagnols et encore plus aux Français car, pour eux, nous avons tout. Il était difficile pour elle de trouver sa place. Et, donc pour moi aussi. C’était dur, perturbant, ça m’a un peu bousillé mon année Erasmus sur le plan affectif mais ça n’a pas eu d’énormes répercussions sur le plan des études.
Désormais à Bordeaux, Julien et Eglantine vivent à cinq dans une grande maison, avec notamment un étudiant anglais et un Mexicain.

Paris : une Canadienne un peu trop cool.

Livio, dernière année ESCP-EAP, 24 ans.
J’habite avec des amis de longue date, deux étudiants en archi, Jérôme 25 ans, et Charlotte, 24 ans. Nous avons accueilli une étudiante canadienne, Tara, en stage chez L’Oréal. Nous sommes tombés sur une personne hyper agréable au premier contact et nous étions très contents que ce soit une étrangère. Mais nous avons découvert que cette demoiselle se foutait un peu de toutes les règles de vie en communauté.
L’appartement est vite devenu un dortoir, voire une salle des fêtes. C’est souvent le cas dans les colocs mais il y a tout de męme quelques règles, comme prévenir les autres, et faire les courses ou le ménage ! Elle avait un aplomb assez incroyable.
Elle devait partir en juin, à la fin de son stage. Aussi, même si elle nous cassait la tête, nous n’avons pas voulu la mettre dehors en plein hiver. Nous l’avons un peu prise pour Cosette, à tort ! Il se trouve qu’elle s’est fait virer de chez L’Oréal et nous avons appris que ses parents lui envoyaient plein d’argent alors qu’elle ne payait pas les courses et qu’il fallait lui soutirer chaque centime du loyer.
Sur le coup, nous avons eu des engueulades et des crises de nerfs. Avec le recul, c’est enrichissant d’avoir connu un truc pareil, le genre de personnage déconcertant à qui on peut tout dire et qui n’est atteint par rien ! Julien vit toujours en coloc avec ses deux amis.

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